L'eau de Rose

Elle coule, doucement au-dessus des eaux tranquilles et silencieuses,
La brume de ce matin blafard sur le quai de nulle part.
Un banc vide, brisé par le temps et les amours trahies,
Raconte sa peine à la rivière qui passe et sanglote contre la berge sombre.
Même le grand saule, oublié du vent et des serments partagés,
Se tait, immobile et résigné.
Le petit chemin longeant la rive se perd au loin,
Abandonné des pas joyeux, des rires et des baisers passionnés.
Seul le silence de l'eau sale qui clapote et ronge la terre noire,
Murmure tout bas son désespoir.

Le son feutré d'une cloche
Dans le lointain sonne les six coups de ce jour sans vie.

Il est l'heure et sa pierre est si lourde.
Ultime fardeau d'une existence sans joie, devenue délivrance.



Son corps immobile repose enfin
Plus de larmes
Juste ces mots gravés
Il y a si longtemps
Sur le rocher de ses quinze ans...

« A toi jusqu'à la mort »
ROSE