Ami je vous donne de mes nouvelles

Le vent du désert je l’ai connu moi aussi
Il ne se nommait ni Sirocco ni Harmattan
Il soufflait pourtant si fort qu’à l’agonie
Il me laissa à la proie d’un homme
Qui se voulait mon roi
Parce qu’un jour par un anneau
Il avait voulu sceller mon sort
Dans mon erg Alcôve
Je me suis égarée d’oasis dérisoire
En éphémère cararavansérail
Mensongers mirages
Mes doigts traçaient mille pistes
Qui se perdirent en tristes plaisirs
Ma langue asséchait un à un tous les oueds
Il ne me resta bientôt plus qu’à briser
Ce fatal hyménée que j’enfouis
Dans les dunes mouvantes de la rancœur.

J’avais tant de fois brisé mon cœur
D’aventures bancales en d’histoires banales
Que je renonçai à la vigueur
A la tendresse d’un mâle.
Je vivais tranquille dans ma tour
Quand un soir l’amour
Sans crier gare me rattrapa
Il a pour nom d'écriture Tofka
Nos deux âmes amies
Déjà étaient unies
Et depuis le jour la nuit
Mon esprit ne vibre que pour lui
Nos voix se sont épousées
Nos regards dans l’autre se sont noyés
Nos corps sous le ciel de Lyon enlacés

Quoi de plus égoïstes
Que deux êtres qui s’aiment
La conteuse
Est amoureuse
Et pour longtemps
Serait-ce là un si vilain défaut ?